Grand moment de désespoir scolaire de Zebrette : "Mais ça ne sert à rien de savoir ça par coeur !!!". "Je n'y arriverai jamais..."
Nous nous penchons sur la trace écrite (c'est à dire la leçon) : la liste des 27 pays dans l'ordre alphabétique.
Que je commence par "décoquiller" c'est à dire que j'enlève les fautes d'orthographes, c'est mieux, avant d'apprendre ;-)
- Ma première réaction à moi : Devoirs IM-BU-VA-BLES ! Chouette weekend en perspective...
- Et la seconde : je ne vais pas laisser mon enfant seul face à cette montagne...
Après un moment d'humeur contre l'instit (hé oui, j'avoue...), je questionne, je réfléchis... et j'investigue auprès de Zebrette : quelle a été la consigne d'apprentissage ? Comment l'évaluation va-t-elle être faite ? Avez-vous une carte pour repérer les pays ?
Réponse zebrettesque : "La maitresse nous dira le pays et il faudra écrire la capitale ou inversement."
Honnêtement, je suis loin de les connaître tous...
Mais j'observe ce qui se passe pour moi, si je dois apprendre tous ceux que je ne connais pas :
- j'ai besoin d'une carte pour relier le pays à une image et à sa position relative par rapport aux autres
- je connais les pays où je suis allée
- je connais les pays par groupes (géographiques, historiques, périodes d'entrée dans l'UE...)
- j'ai des associations immédiates pays-capitale, liée à des événements historiques relayés dans les médias (Chypre-Nicosie pour le plus récent, au moment de la rédaction de cet article...)
- j'ai une mémoire visuelle, donc une carte m'aide à retenir et ça a du sens de localiser géographiquement les pays (peu de sens dans une liste alphabétique !)
- c'est mon vécu lié à mes voyages, ou aux personnes que je connais, difficilement transposable, mais chacun peut s'en créer un
- c'est l'histoire de l'Europe et cela a du SENS
- c'est aussi relié à mon vécu, mais c'est plutôt la mémoire auditive qui fonctionne là-derrière
CONCRETEMENT voici des propositions que nous avons mises en oeuvre :
Etape zéro : donner du sens
Ce devoir, s'il est très mal présenté, a du sens.
Pour moi, savoir ce qui se passe autour de soi a de la valeur : accès au monde des grands, humanisme, curiosité, décodage du monde...
Première étape :
Nous commençons par regarder les applications iPhone qui permettraient de faire de la répétition en jouant. Il y en a une ou deux en français.
Mémoire visuelle et auditive sont sollicitées, avec les émotions positives du plaisir (les enregistrements d'applaudissements, c'est basique mais ça fonctionne !)
Les meilleures sont en anglais ;-) On verra pour plus tard !
Seconde étape :
Cela permet d'avoir un fond de carte sans les informations à apprendre. On peut ensuite montrer le pays et demander son nom et sa capitale à l'enfant, ou si c'est trop difficile lui proposer de choisir parmi 2, 3, 4... noms. On affine ensuite avec des noms proches en sonorité (Budapest, Bucarest).
Troisième étape :
Je découpe la tâche en sous tâches.
Nous faisons ensemble des groupes de pays qui ont du sens (pour la personne qui apprend) :
- le groupe des pays rouges est la France + les pays qui l'entourent, + les pays connus. Ce groupe est commencé en premier pour prendre conscience qu'il y a déjà des savoirs engrangés ! C'est primordial pour la confiance en soi et pour avoir envie de continuer l'effort...
- le groupe des pays bleus est le groupe des pays un peu plus éloignés géographiquement
- le groupe des pays noirs est le groupe des pays inconnus ! Gloups, il y en a beaucoup...
Nous reportons sur le fond de carte les couleurs des pays et l'emplacement de la capitale, marqué par une croix de la couleur du groupe.
Et la carte est complétée par les pays du continent européen qui n'adhèrent pas à l'union.
Pendant que je complète la carte, l'enfant écrit les noms des pays et en face leur capitale, dans les couleurs de chaque groupe.
Cela permet de solliciter sa mémoire visuelle et sa mémoire kinesthésique, de se confronter à l'orthographe des mots et d'être dans l'action, donc concentré.
Sur la fin, je prends la relève, car cela fait beaucoup d'écriture !
Quatrième étape :
Enfin, je découpe des cartes dans du papier cartonné, et l'enfant écrit d'un côté le pays, de l'autre la capitale, dans la couleur du groupe concerné.
Cette étape a été réalisée, au fur et à mesure, en même temps que l'étape 3.
Puis nous faisons des associations, comme par exemple les 3 pays Estonie, Lettonie, Lituanie : dans l'ordre alphabétique du Nord au Sud. C'est repéré sur les cartes par les mentions 1/3, 2/3, 3/3.
Cinquième étape :
L'enfant s'est emparé de son jeu de cartes. Et comme il a envie d'apprendre, il invente des histoires !!!
- En Belgique, on mange des chocolats (miam !) et des choux (beurk !) de Bruxelles ;-) (proximité de la sonorité de beurk et de Bruxelles)
- Au Danemark, les gens coupent beaucoup (coupent-Copenhague)
- En Autriche, viennent-Vienne les gens, pour dancer !
- En Irlande : dans ma capitale les gens crient toujours "du bien ! du bien !" c'est pour ça que la capitale s'appelle Dublin !
Là, le travail commence à se transformer en plaisir ! Je suis E-MER-VEIL-LEE de cette créativité au service des apprentissages, et je ne me prive pas de le manifester à l'intéressé ;-) En outre, c'est l'étape qui me montre que l'enfant s'est emparé de cet apprentissage, je n'ai plus qu'à piloter de loin, il est en autonomie, c'est GE-NI-AL !
Sixième étape :
Jouer avec les cartes, dans la cour de récré, seul ou à plusieurs, et faire des tas :
- les cartes sues, dans un sens et dans l'autre capitale->pays, ou pays->capitale (sous élastique sur la photo) : les réponses sont correctes à plusieurs reprises (c'est, au bout d'une journée, tout le tas des cartes rouges et la moitié des bleues)
- les cartes en transition : parfois on sait la réponse, parfois pas (avec le trombone sur la photo) les bleues restantes
- les cartes à apprendre (les cartes noires)
Cette technique permet de visualiser la progression des apprentissages, de la rendre tangible, concrète. C'est un moteur pour entretenir l'envie, la motivation.
Je redonnerai probablement un petit coup de pouce pour le tas des cartes noires ;-)
Et nous avons bon espoir que toutes les cartes se retrouvent sous l'élastique d'ici mardi, jour de l'évaluation ;-)
Et finalement, merci à la maîtresse qui n'a pas approfondi, nous nous sommes bien régalés !
Besoin de conseils en méthodologie ? Contactez Agnès Grisard.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBénédicte,
RépondreSupprimerTon commentaire me plait, donc je le replace dans les commentaires ;-)
Il est tout à fait complémentaire à mes propositions, et est un parfait exemple des bonnes pratiques pédagogiques ou andragogiques (!) : proposer beaucoup d'approches différentes, afin que chaque élève/apprenant s'empare de celle qui lui parle !!!
Je te cite :
- Découper par lots de 7, les mots à apprendre ou les cartes dans le cas présent.
- Les positionner en cercle dans les sens des aiguilles d'une montre.
- Lire à voix haute les 7 premiers dans le sens des aiguilles d'une montre, au moins 7 fois de suite.
- Pour rythmer taper sa main droite sur son genou gauche, puis sur le mot suivant taper sa main gauche sur son genou droit.
Lorsque c'est mémorisé, les restituer sans les lire et sans taper ses mains.
Puis passer aux 7 suivantes en rythme (main/genou)
Lire et apprendre les 7 suivantes lorsque c'est mémorisé, restituer les 14 et ainsi de suite...
Avec cette proposition, on sollicite la mémoire kinesthésique et auditive, tout en jouant ;-)